Pas un livre, mais deux !
Le premier est celui de Guillaume Le Blanc, qui s’intitule La solidarité des éprouvés : pour une histoire politique de la pauvreté, 20 €, aux Éditions Payot, 2022.
Une étude qui nous invite à nous redire que « la vie pauvre n’est pas une pauvre vie, mais (qu’) elle le devient chaque fois que l’on plaque sur elle la grille de l’homme économique, en l’appréhendant à partir du seul système du travail, de la seule aisance matérielle et du divertissement qu’elle procure… Elle sous-entend dès lors que les pauvres sont des êtres de manque… La langue des autres le précède et constitue son infamie. » Et notre philosophe tente de montrer « le monde des démunis comme l’expérience politique d’une contestation des ordres du monde portés et légitimés par les plus puissants. » Tout au long de ce livre nous revient la petite musique pour nous rappeler que « la pauvreté est une épreuve dans laquelle celles et ceux qui se retrouvent acculés à un état social d’extrême précarité se coalisent pour y affirmer une philosophie du monde alternative au néolibéralisme. » Une belle et sérieuse invitation à la compréhension et au partage avec les plus pauvres.
Le second, d’un tout autre genre est l’œuvre de Marion d’Ellissagaray : Nul ne saisit le vent, 15 €, aux Éditions L’enfance des arbres, 2021.
Un texte inspiré du livre Soif, d’Amélie Nothomb. « Observez : c’est quand s’annonce l’automne que l’arbre construit ses bourgeons. Puis de tout l’hiver rien ne bouge plus. La pluie, la grêle, les brouillards, la morte saison les recouvrent. Impassibles, ils demeurent sur les branches. Mais que les premières gouttelettes de lumière d’avril se dépose dans le verger et en quelques jours toutes les feuilles se déplient. Pendant tout ‘hiver ils ont été là, immobiles, inutiles, bons à ne rien faire. Pourtant cela a simplement suffit. Tout les débuts sont contenus dans ne rien faire. La force jaillit de la nudité. La vôtre ira déranger… ». Des pages lumineuses voguant par nos vies « avec le mât de la poésie ». A lire de toute urgence.