2022 restera comme une année placée sous le signe de l’apaisement. Je remercie Patrick Boulai d’avoir eu le courage de monter en première ligne et d’avoir suentraîner la communauté de Carles dans le dialogue et le partage.
Je remercie l’équipe des salariés pour son implication dans l’accompagnement des femmes et des hommes de Carles. Je remercie les habitants de Carles pour leurs efforts quotidiens à rendre possible ce projet de vie communautaire après avoir vécu de si nombreuses années de souffrances Je remercie les bénévoles pour leur disponibilité, pour leur aide à faire tourner la maison. Je remercie enfin les donateurs qui par leur générosité donnent à Carles les moyens
financiers de son action. Dans ces temps particulièrement difficiles pour les financements publics et donc pour les associations soutenues par l’Etat et les collectivités locales (merci à eux de nous soutenir à leur mesure), vous donateurs, êtes les garants de notre indépendance.
A toutes et à tous, je présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année.
En 2023, nous devrons renouveler et réformer notre mode de gouvernance. Une nouvelle direction sera mise en place, Claire Boulai vient d’être promue Adjointe de direction, une nouvelle directrice ou un nouveau directeur arrivera bientôt.
Le conseil d’administration sera fortement sollicité pour accompagner et réussir cette transition. Nous aurons à cœur d’être fidèles à notre histoire.
Pour conclure cet éditorial, je donne la parole à des habitants de la maison.
Joël Aymard
Président de l’association Mas de Carles.
Discussion autour d’une table avec quelques- uns. Des choses à changer dans le mode de viedela«maison»?
Etrangement, la conversation tourne d’abord autour de ce qui ne doit pas changer. D’abord cette pratique du temps long, la capacité de la maison et de ses responsables de prendre du temps pour offrir à chacun le répit nécessaire au changement : « C’est bien ce qui nous est arrivé à tous » soulignent d’une seule voix les trois protagonistes. C’est bien que cela puisse être proposé à tous… même si parfois ce temps long peut amener à quelques dérapages. C’est la chance que nous offrent les « lieux à vivre ». En tout cas, aucun des trois ne souhaite remettre en cause la possibilité de pouvoir revenir quand on est parti (sauf cas de violence) ou qu’on nous a demandé de prendre un peu de distance pour un soin ou pour apaiser de trop vives tensions. Ce temps long, apparaît aussi comme « l’occasion de faire jouer nos compétences. Nous avons tous eu une vie avant Carles. Nous y avons acquis des qualifications diverses. Et par la VAE nous pouvons aussi en acquérir d’autres à l’intérieur de la maison. » C’est une vraie chance de se voir proposer une autonomie réelle dans un certain nombre d’activités clairement repérées, comme les olives, les innombrables réparations à apporter aux bâtiments et pour le confort de tous. Super aussi de pouvoir se réjouir ensemble à l’occasion des fêtes religieuses des uns et des autres.
Chacun a tour de rôle a entonné le petit refrain : il faut « préserver l’esprit de la maison ». Cela passe par le fait de regarder positivement les autres, de ne jamais cesser d’apprendre à vivre ensemble, de se tenir aux activités proposées parce qu’elles nous aident 1
à conserver (ou à reconstruire) une bonne idée de nous-mêmes chacun au regard des autres et ensemble au regard de l’extérieur.
Quand on en revient à « quoi changer », le ton est parfois moins amène. D’abord ce constat qu’il «y a trop d’inconnus au conseil d’administration de la maison. Trop de gens qu’on ne voit pas souvent venir partager avec nous un peu de leur temps. » Ce « nous » sont les résidents.
Vient ensuite le manque de communication entre la «base et le sommet». Il y a là quelque chose à inventer pour éviter faux soupçons et vraies rancunes… Pour que l’on soit davantage porteurs, ensemble, de l’image de la maison… même si on sait que cela nous est plus difficile certains jours, « quand tu vois dehors des mecs de Carles torchés ».
Et reviennent inévitablement les doléances sur le service de tables (ou plutôt sur ceux qui fuient ce service) et les fainéants qui échappent à l’activité : il est même proposé de les débusquer de manière plus active.
En tout cela, ce petit groupe semble accordé avec l’idée que Carles est bien leur maison (logique du logement d’abord), qu’il s’agit bien d’un lieu de vie à vivre (dans un temps long pour certains) et de responsabilités à exercer à nouveau… avant peut-être de pouvoir repartir pour une vie plus autonome.
Patrice, Bruno, Franky